The whispering shadows

Le Trésor de la Vieille Montagne

Dans un petit village niché au pied d’une montagne escarpée, en plein cœur de l’Espagne, vivait un vieux berger du nom d’Alejandro. Toute sa vie, il avait parcouru les vastes collines, guidant son troupeau de moutons à travers des pâturages luxuriants et des sentiers rocailleux. Ses journées étaient rythmées par le bêlement des moutons, le souffle du vent et les récits des anciens du village.

Parmi ces récits, une légende fascinait particulièrement Alejandro. On racontait qu’au sommet de la Vieille Montagne, dans une grotte bien cachée, reposait un trésor d’une valeur inestimable. Ce trésor, disait-on, avait le pouvoir de changer la vie de celui qui le trouvait. Mais la légende était accompagnée d’un avertissement : beaucoup avaient tenté de trouver la grotte, mais aucun n’était jamais revenu. Certains murmuraient que la montagne était maudite, d’autres pensaient que le trésor était gardé par des esprits.

Alejandro, bien qu’il eût entendu cette histoire des dizaines de fois, n’avait jamais eu le courage de s’aventurer dans la montagne. Pourtant, à l’âge de soixante-dix ans, il sentit une envie irrépressible de découvrir ce mystère. Peut-être était-ce le poids des années ou le désir de vivre une dernière grande aventure, mais une chose était sûre : il ne pouvait plus ignorer cet appel.

Le matin de son départ, le village semblait plus silencieux que d’habitude. Alejandro se leva avant l’aube, prépara son sac avec quelques provisions, sa gourde et une vieille lampe à huile. Luna, son chien fidèle, le regardait avec des yeux pleins d’excitation. « Toi aussi, tu veux venir, n’est-ce pas ? » dit Alejandro en souriant.

Ils commencèrent leur ascension alors que les premiers rayons du soleil éclairaient la montagne. Le chemin était escarpé, parsemé de pierres instables et de buissons épineux. Alejandro avançait prudemment, s’appuyant sur son bâton, tandis que Luna bondissait agilement autour de lui.

Après plusieurs heures de marche, ils atteignirent un plateau qui offrait une vue imprenable sur le village en contrebas. Alejandro s’arrêta pour reprendre son souffle et regarda autour de lui. C’est alors qu’il remarqua quelque chose d’étrange : une ouverture dans la roche, presque entièrement dissimulée par la végétation.

Son cœur battait la chamade. Était-ce l’entrée de la grotte dont parlaient les légendes ? Poussé par une curiosité mêlée d’appréhension, il écarta les buissons et entra dans l’ouverture. La grotte était sombre, fraîche et silencieuse. Les murs étaient recouverts de mousses et de lianes, et le sol était parsemé de petites pierres brillantes qui scintillaient faiblement à la lumière de sa lampe.

Plus il avançait, plus il sentait une étrange énergie l’envahir. Finalement, au bout d’un long couloir, il aperçut un coffre en bois ancien posé sur un socle de pierre. Ses mains tremblaient alors qu’il soulevait le couvercle.

À sa grande surprise, le coffre ne contenait ni or, ni bijoux, ni pierres précieuses. À la place, il y trouva un parchemin jauni par le temps. Il le déplia lentement et lut les mots écrits à l’encre noire :

"Le véritable trésor est la liberté de celui qui ose explorer. La vie elle-même est le plus grand cadeau."

Alejandro resta un moment immobile, réfléchissant à ces paroles. Au début, il ressentit une légère déception, mais cette sensation fut rapidement remplacée par une profonde sérénité. Il comprit que le trésor n’était pas matériel, mais spirituel. L’aventure qu’il avait entreprise, les paysages qu’il avait découverts, et le courage qu’il avait trouvé en lui-même étaient bien plus précieux que tout l’or du monde.

Il retourna au village le cœur léger, accompagné de Luna qui aboyait joyeusement. Lorsqu’il raconta son histoire aux habitants, certains rirent en disant qu’il s’était fait avoir, mais d’autres, surtout les jeunes, furent inspirés par son courage.

Alejandro passa le reste de ses jours à raconter cette aventure. Pour lui, la Vieille Montagne n’était plus un lieu de mystère, mais un symbole d’espoir et de découverte.

Et ainsi, la légende du trésor changea. Elle ne parlait plus de richesses matérielles, mais du courage d’explorer l’inconnu et d’apprécier la beauté de vie

Fin